
Le ciel tombe sur la mer, il pleut des chandeliers aux branches éteintes. Je suis seul avec mon ordinateur qui n’est pas très causant aujourd’hui. Le chat me tanne pour pisser, bouffer, câliner, il s’insinue entre mes jambes, un vrai boa, manque me faire tomber, je ne le jetterai pas contre le mur parce que c’est rigolo et que je vais le mettre sur You Tube. Je ne suis pas très malin, mais pas aussi con, pas aussi dénué d’empathie. Tout à l’heure si le bois est sec je ferai une flambée dans la cheminée et on sentira le cochon fumé le petit garçon et moi. L’idée serait de faire un petit repas devant en écoutant craquer le bois. J’écoute le temps passer et mon cœur qui bat toujours trop vite, y’a-t-il un cardiologue dans la salle, continue de faire balancier. Puis je pianote à nouveau sur mon clavier pour écrire des fiches sur des films, pour écrire des projets de films, pour écrire mon livre, le nouveau, je n’en connais pas la fin, ça me fait peur. Je voudrais bien le finir ce livre là, avant même de l’avoir vraiment entamé, je le voudrais bien. Jamais je n’ai eu de problème pour finir, au grand jamais, ni pour commencer, mais là je ne peux m’empêcher de me voir l’écrire. Ca coule tout seul hein, comme du sang, pas de problème j’ai la plume agile, trop, souvent. La preuve. Mais ce livre-là me fait le coup de l’intimidation, il me prend de haut, il voudrait ne pas être déçu par moi. Qu’importe, je n’ai besoin que de quelques uns d’entre vous. Des goélands passent dans l’averse, cendres sur cendres. J’aimerais bien voler sous l’ondée, planer dans l’orage, me sentir porter, déporter, trou d’air, et l’odeur des monstres marins. Dans ma prochaine vie docteur, faites que je sois un goéland.
Ajaccio et ses fantômes (8)
Denis Parent