Chez elle chaque mot se fait manger par le suivant, et sur deux phrases trois idées font leur balade, chaque séance en matinée, sans se connaître ni se saluer. Et moi j’aime l’accompagner.
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D’abord j’ai cru l’exaspérer, comme le faisait mon père quand trop brillante je me montrais. Aujourd’hui j’avoue que je ne le connais de rien, et que j’ai hâte que nous soyons présentés. Par nos inconscients respectifs qui eux s’entendent si bien.
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Lorsque j’anime en duo avec André c’est la plainte qui revient : – Eva, je ne la comprends pas je crains.
Et des fois par le truchement d’André, il ou elle dit comprendre mieux. Et si je n’étais pour eux qu’inquiétude étrange* et alors bienvenue sur la durée ?
Qu’est-ce d’autre que la peur mal connue du familier qui nous empêche d’être nous et d’être avec ?
En référence à « l’inquiétante étrangeté » : Sigmund Freud.