
» C’était dans ces endroits-là qu’il pouvait trouver des gens à qui parler, pour leur dire simplement :
« Est-ce que vous voulez bien m’adopter ? »
C’étaient des gens un peu rêveurs, qui marchaient les mains derrière leur dos en pensant à autre chose. Il y avait des astronomes, des professeurs d’histoire, des musiciens, des douaniers. Il y avait quelquefois un peintre du dimanche, qui peignait des bateaux, des arbres, ou des couchers de soleil, assis sur un strapontin. »
J. M. G. Le Clézio, Mondo
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Et aujourd’hui en séance, à celle qui ne parvient toujours pas, malgré tout le travail accompli pour son projet personnel à se séparer du patron, qu’elle déteste depuis cinq ans, j’ai une telle envie de lui dire et m’excuse par avance, de plus en toute fin de séance :
– Vous lui trouvez tous les défauts du monde, et pourtant il a une qualité première : il vous a adoptée.
– Je déteste ce que vous dites là ! Vous avez raison de prendre vos précautions !
Et elle se trouble :
– Oui. Je suis son enfant.